@hhamon a donné une réponse très détaillée (merci à lui :)) Je vais essayer d’apporter des éléments complémentaires (en tant qu’investisseur immobilier mais aussi conseiller en gestion de patrimoine).
La construction est l’une des économies les plus importantes de notre pays, c’est la raison pour laquelle depuis plusieurs décennies, l’Etat incite les investisseurs privés à acheter de l’immobilier neuf.
Hors dispositif de défiscalisation, le neuf est difficilement vendable. Le rendement locatif est ridicule : prix à l’acquisition élevé et loyer guère plus chers que dans l’ancien. Lorsque l’on prend en compte la fiscalité des revenus fonciers… il faut mieux laisser son argent sur son livret A !
L’idée du Pinel est donc de booster la rentabilité grâce à une économie d’impôt. Contrairement à un autre type d’investissement locatif, le Pinel fonctionne à l’envers : on part d’un rendement locatif brut très bas pour avoir finalement un rendement locatif net net plus élevé car le gain se fait principalement sur ses impôts.
De plus, les conditions de financement sont meilleures que dans l’ancien (25 ans sans apport avec différé total est la norme alors que c’est l’exception dans l’ancien).
C’est la raison pour laquelle il est compliqué de comparer un Pinel avec un investissement immobilier dans l’ancien. Cela explique aussi pourquoi les dispositifs de défiscalisation sont souvent critiqués : la plupart des gens raisonnent en rendement locatif brut et non en taux de rentabilité interne, ce qui n’est pas pertinent et biaise la rentabilité du Pinel.
En contrepartie de la réduction d’impôt d’un Pinel, l’Etat vous demande de vous engager sur une période d’au moins 6 ans et de louer aux « revenus intermédiaires ». En effet, le Pinel a un rôle social. Les revenus élevés n’ont pas de difficultés à trouver des logements et les bas revenus ont accès aux logements sociaux. A noter tout de même que les plafonds restent élevés et sont basés sur les revenus N-2. Par exemple, j’ai déposé un dossier pour louer un Pinel alors que nous sommes un couple de cadres avec de bons revenus.
Bon, je peux démonter un peu le Pinel à présent
Il y a des bons programmes… mais beaucoup plus de « très (très) mauvais ».
Les écarts de prix avec l’ancien sont parfois monstrueux (surtout dans le centre des grandes villes). Certains promoteurs ne sont pas sérieux (prestations bas de gamme, sous-traitance excessive, retards de chantiers importants voire faillite…). On rencontre régulièrement des programmes poussent comme des champignons au même endroit, ce qui fera chuter les prix de l’immobilier lors de la revente (car tout le monde revendra au même endroit et au même moment à l’issu de l’engagement Pinel). Enfin, beaucoup trop d’intermédiaires (conseillers en gestion de patrimoine, agents immobiliers, banques…) vendent leurs produits en pensant d’abord à leurs commissions et à l’intérêt du client en dernier…
Pour donner une idée sur les ratios : sur 10 Pinel que j’étudie, j’en retiens 1… Et encore, les 10 ont été sélectionnés en amont par mes partenaires.
Selon moi, le Pinel s’adresse à des personnes qui souhaitent profiter de l’effet levier crédit et limiter les aléas car le Pinel reste un produit immobilier « packagé ». Si on voit le Pinel comme un montage financier, l’investisseur a un effort d’épargne chaque mois et récupère un capital à la revente. La rentabilité associée dépasse sans difficulté les 10%. Ce qui n’est pas si mal pour un investissement relativement passif.
Mais bien sûr, toute la difficulté est de bien choisir le programme. Si on prend le premier lot conseillé par son banquier, on a toutes les chances de faire une mauvaise affaire…